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Des graines de violence
7 mai 2011

Histoire romancée

Elle avait cinq fils, l'aîné s'entendait mal avec son père, à dix huit ans il avait émigré au Canada, elle n'avait pas de ses nouvelles depuis dix ans. Le cadet s'était enfui à Paris jetant par dessus bord les principes, il vivait avec une malienne qui lui avait donné deux beaux enfants, ils venaient rarement à la ferme.
La mère quand elle ne s'agitait pas au travail , traversait des heures de mélancolie.
Le père, abruti par l'appât du gain, travaillait jour et nuit à son exploitation.
Louis et François suivaient ses traces, ils se levaient à cinq heures les trois quart de l'année et partageaient leurs activités entre des laitières et des vergers. En plus, l'hiver, ils s'embauchaient au taillage. Ils obéissaient encore au doigt et à l'oeil.
Leur mère ravie de pouvoir encore les contrôler, préparait de gros repas avec la cochonnaille et le ragoût bien gras. Mais plus le temps passait, plus ils devenaient exigeant et parfois odieux.
Ainsi, la veille de Pâques, elle avait acheté deux kilos de sardines, plus une pogne, elle ne voulait pas trop dépenser à cause de l'installation de ses fils. Un crédit de quarante millions de centimes, une catastrophe pour les parents.
Pour ce jour de fête, ils s'attendaient à un gros gigot ou la longe de porc ou un rôti bien saignant. Quand elle apporta les poissons, ils furent courroucés ; Louis regarda son frère et attaqua sa mère.
- " Comment c'est cela ton repas pour un jour de fête ? des sardines, des sardines criait-il.
- " Vous voulez que je paie vos crédits, que je n'oublie aucune facture d'engrais et de machines, vous avez voulu un gros tracteur neuf et quoi encore ... Où voulez-vous que je prenne l'argent ? vous voulez que j'aille voler ?
- " Mais que fais-tu de l'argent ? où a passé notre argent de la vente des veaux ? où a passé l'argent des abricots ?
- " Vous êtes de mauvaise foi, vous connaissez les comptes, sept mille nouveaux francs de prélèvements par mois plus l'électricité, le gazole etc... "
Elle avait appuyé sur le mot boisson, pour trois hommes ce devait-être six litres de vin par jour.
Elle observait Louis, le visage en feu, les bras levés, les yeux jaunes et injectés de sang, il prenait le plat de poisson et de toutes ses forces, il le jetait dans la cour par la fenêtre ouverte. Voulant faire de même pour le riz, il manqua l'ouverture, le mur et la salle à manger se trouvèrent maculés et jonchés de débris alimentaires, de vaisselles cassées et de riz à la tomate.
Le père ne dit pas un mot et alla faire la sieste tristement.

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